Intervention au Conseil Œcuménique des Eglises, Genève, le 7 février 2023, par l’Ambassadeur de l’Ordre de Malte contre la traite de personnes

Le 10 décem­bre de cette année, nous célébrerons le 75e anniver­saire de la Déc­la­ra­tion Uni­verselle des Droits de l’Homme, un mon­u­ment du droit inter­na­tion­al pub­lic, reflet de valeurs uni­verselles fon­da­men­tales. Aujourd’hui, il n’y a guère occa­sion de célébr­er mais plutôt d’appeler à une mobil­i­sa­tion de la con­science publique pour défendre ces valeurs.

Per­me­t­tez-moi de citer une autre déc­la­ra­tion, inter­re­ligieuse, la « Déclaration com­mune des lead­ers religieux con­tre l’esclavage mod­erne » signée au Vat­i­can le 2 décem­bre 2014, par le Pape François, l’Archevêque de Can­ter­bury, des chefs religieux ortho­dox­es, protes­tants, israélites, musul­mans, boud­dhistes et hin­dous. En voici le texte :

« Nous, les sig­nataires, sommes réunis aujour­d’hui pour une ini­tia­tive his­torique visant à inspir­er une action spir­ituelle et pra­tique de toutes les reli­gions mon­di­ales et de toutes les per­son­nes de bonne volonté partout dans le monde pour éradiquer l’esclavage mod­erne dans le monde d’i­ci 2020 et pour toujours. 

Aux yeux de Dieu, chaque être humain est une per­son­ne libre, qu’elle soit fille, garçon, femme ou homme, et est destinée à exis­ter pour le bien de tous en égalité et fra­ter­nité. L’esclavage mod­erne, en ter­mes de traf­ic d’êtres humains, de tra­vail forcé et de pros­ti­tu­tion, de traf­ic d’or­ganes et de toute rela­tion qui ne respecte pas la con­vic­tion fon­da­men­tale que toutes les per­son­nes sont égales et ont la même lib­erté et dig­nité, est un crime con­tre l’humanité. 

Nous nous enga­geons ici aujour­d’hui à faire tout notre pos­si­ble, à l’intérieur de nos communautés religieuses et au-delà, pour tra­vailler ensem­ble pour la lib­erté de tous ceux qui sont esclaves et trafiqués afin que leur avenir puisse être restau­ré. Aujour­d’hui, nous avons l’op­por­tu­nité, la sen­si­bil­i­sa­tion, la sagesse, l’in­no­va­tion et la tech­nolo­gie pour attein­dre cet impératif humain et moral. » 

Plus de 8 ans après la sig­na­ture de cette Déc­la­ra­tion, on est bien loin du compte : en sep­tem­bre dernier, l’Organisation inter­na­tionale du Tra­vail (OIT), l’Organisation inter­na­tionale pour les migra­tions (OIM) et Walk Free pub­li­aient un rap­port esti­mant que le nom­bre d’esclaves con­tem­po­rain avait con­sid­érable­ment aug­men­té ces cinq dernières années et que 50 mil­lions de per­son­nes dans le monde sont vic­times de l’esclavage moderne.

Les con­flits, les change­ments cli­ma­tiques, les migra­tions, comme aus­si les iné­gal­ités économiques vont pouss­er ces chiffres à la hausse. C’est donc un appel que je lance à tous aujourd’hui de pren­dre ce prob­lème de l’esclavage con­tem­po­rain au sérieux. Il faut main­tenant pass­er des déc­la­ra­tions à l’action.