Trafic de travailleurs, l’Eldorado Suisse

L’émis­sion du 16 févri­er 2017

Du dump­ing salar­i­al qui relève de l’usure, des fich­es de salaire truquées, des faux frontal­iers avec de vrais per­mis, des salariés qui sont rançon­nés par leur pro­pre patron et du traf­ic de main d’œuvre bon marché… Cer­tains employeurs ne recu­lent devant rien, même pas devant des méth­odes util­isées par la mafia. Face à cette spi­rale de l’exploitation, les mesures d’accompagnement sem­blent bien faibles.

Aujourd’hui en Suisse, des salariés doivent restituer une par­tie de leur salaire à leur patron ou à des inter­mé­di­aires. Autrement dit, ils sont rançon­nés. C’est une pra­tique bien con­nue au Tessin, et qui porte un nom: le capo­rala­to. Inspiré des méth­odes mafieuses, le capo­rala­to est apparu essen­tielle­ment dans la con­struc­tion. Depuis 2010, la jus­tice tessi­noise a été saisie d’une dizaine d’affaires de ce genre. En Suisse romande, plusieurs cas vien­nent d’être signalés.

Une équipe de Temps Présent a voulu en savoir plus. Pour ce faire, elle a remon­té le fil d’un scan­dale de dump­ing salar­i­al qui avait défrayé la chronique romande durant l’été 2016. Nous avons retrou­vé en Pologne les ouvri­ers qui en avaient été les vic­times. Ils nous ont racon­té com­ment ils devaient chaque mois prélever 660 francs sur leur salaire pour les remet­tre directe­ment à l’individu qui les avait recrutés dans leur pays.

Pour organ­is­er en toute illé­gal­ité ces méfaits, ces patrons sans foi ni loi n’hésitent pas à tru­quer les fich­es de salaire, à utilis­er de faux frontal­iers avec de vrais per­mis et à pra­ti­quer du dump­ing salar­i­al qui s’apparente à de l’usure. Mais cer­tains vont encore plus loin. Temps Présent a pu suiv­re à Genève la brigade judi­ci­aire chargée de la lutte con­tre la traite des êtres humains. Un traf­ic qui livre une main‑d’œuvre vul­nérable et qua­si­ment gratuite.

Red­if­fu­sion le ven­dre­di 17 févri­er 2017 à 10h30 et le lun­di 20 févri­er 2017 à 16h05 sur RTS Deux.