https://www.amazon.fr/dp/B078FBJ9Z4/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1

YOU CAN FIND THE ENGLISH VERSION OF THIS TEXT BELOW FOR ENGLISH READERS.

Jour­nal­iste pour Le Monde Diplo­ma­tique, Géo ou Nation­al Geo­graph­ic (il est notam­ment lau­réat de l’édition 2017 de Prix Erik Izraelewicz de l’enquête économique, créé par Le Monde), Guil­laume Pitron signe ici son pre­mier ouvrage. La géopoli­tique des matières pre­mières est un axe majeur de son tra­vail. Il inter­vient régulière­ment auprès du par­lement français et de la Com­mis­sion européenne sur le sujet des métaux rares.

Pen­dant six ans, Guil­laume Pitron a mené l’enquête dans une douzaine de pays sur ces nou­velles matières rares qui boule­versent déjà le monde. Pour cela, il nous a fal­lu fréquenter les replis des mines de l’Asie trop­i­cale, ten­dre l’oreille aux mur­mures des députés dans les couloirs du Palais-Bour­bon, sur­v­ol­er les déserts de Cal­i­fornie en bimo­teur, nous inclin­er devant la reine d’une tribu oubliée d’Afrique aus­trale, nous ren­dre dans les « vil­lages du can­cer » de la Mon­golie intérieure et dépous­siér­er de vieux par­chemins remisés dans de vénérables insti­tu­tions londoniennes.

Sur qua­tre con­ti­nents, des hommes et des femmes agis­sant dans le monde trou­ble, dis­cret, des métaux rares nous ont révélé un tout autre réc­it, beau­coup plus som­bre, de la tran­si­tion énergé­tique et numérique. À les enten­dre, l’irruption de ces nou­velles matières dans le sil­lage des ressources fos­siles n’a pas ren­du à l’homme et à la planète les ser­vices que lais­sait augur­er l’éclosion d’un monde sup­posé­ment plus vert, plus frater­nel, plus clair­voy­ant – loin de là.

https://www.youtube.com/watch?v=sykLlMGsZfM

D’un côté, les avo­cats de la tran­si­tion énergé­tique nous ont promis que nous pour­rions puis­er à l’infini aux intariss­ables sources d’énergie que con­stituent les marées, les vents et les rayons solaires pour faire fonc­tion­ner nos tech­nolo­gies vertes. Mais, de l’autre, les chas­seurs de métaux rares nous prévi­en­nent que nous allons bien­tôt man­quer d’un nom­bre con­sid­érable de matières premières.

Ces tech­nolo­gies dites « vertes » enga­gent l’humanité dans une troisième révo­lu­tion énergé­tique, indus­trielle, qui est en train de trans­former notre monde. Comme les deux précé­dentes, celle-ci s’appuie sur une ressource pri­mor­diale. Une matière telle­ment vitale que les énergéti­ciens, les techno­prophètes, les chefs d’État et même les stratèges mil­i­taires la surnom­ment déjà « the next oil », le pét­role du XXIe siècle.

De quelle ressource s’agit-il ?

Le grand pub­lic n’en a pas la pre­mière idée.

Longtemps, les hommes ont exploité les prin­ci­paux métaux con­nus de tous : le fer, l’or, l’argent, le cuiv­re, le plomb, l’aluminium… Mais, dès les années 1970, ils ont com­mencé à tir­er par­ti des fab­uleuses pro­priétés mag­né­tiques et chim­iques d’une mul­ti­tude de petits métaux rares con­tenus dans les roches ter­restres dans des pro­por­tions bien moin­dres. Cette grande fratrie unit des cousins affublés de noms aux con­so­nances énig­ma­tiques : ter­res rares, graphite, vana­di­um, ger­ma­ni­um, plati­noïdes, tungstène, anti­moine, béryl­li­um, flu­o­rine, rhéni­um, prométhi­um… Ces métaux rares for­ment un sous-ensem­ble cohérent d’une trentaine de matières pre­mières dont le point com­mun est d’être sou­vent asso­ciées dans la nature aux métaux les plus abondants.

Dis­tiller une huile essen­tielle de fleur d’oranger est un proces­sus long et fas­ti­dieux, mais le par­fum et les pou­voirs thérapeu­tiques d’une seule goutte de cet élixir éton­nent encore les chercheurs. Or c’est pareil avec les métaux rares, très rares… Il faut puri­fi­er huit tonnes et demie de roche pour pro­duire un kilo de vana­di­um, seize tonnes pour un kilo de céri­um, cinquante tonnes pour l’équivalent en gal­li­um, et le chiffre ahuris­sant de mille deux cents tonnes pour un mal­heureux kilo d’un métal encore plus rare, le luté­ci­um. Tels des démi­urges, nous en avons mul­ti­plié les usages dans deux domaines qui sont des piliers essen­tiels de la tran­si­tion énergé­tique : les tech­nolo­gies que nous avons bap­tisées « vertes » et le numérique.

Car, nous explique-t-on aujourd’hui, c’est de la con­ver­gence des green tech et de l’informatique que va naître un monde meilleur…

Les pre­mières (éoli­ennes, pan­neaux solaires, véhicules élec­triques), grâce aux métaux rares dont elles sont truf­fées, pro­duisent une énergie décar­bonée qui va tran­siter par des réseaux d’électricité dits « ultra-per­for­mants » qui per­me­t­tent des économies d’énergie. Or ceux-ci sont pilotés par des tech­nolo­gies numériques, elles aus­si far­cies de tels métaux (con­sul­ter l’annexe 11 sur les prin­ci­pales util­i­sa­tions indus­trielles des métaux rares).

Pre­mier con­s­tat, l’Occident a remis le des­tin de ses tech­nolo­gies vertes et numériques – en un mot, de la crème de ses indus­tries d’avenir – entre les mains d’une seule nation, la Chine. En lim­i­tant l’exportation de ces ressources, l’empire du Milieu nour­rit plutôt la crois­sance de ses pro­pres tech­nolo­gies et durcit l’affrontement avec le reste du monde. À la clé, de graves con­séquences économiques et sociales à Paris, New York ou Tokyo.

Deux­ième con­stat, d’ordre écologique : notre quête d’un mod­èle de crois­sance plus écologique a plutôt con­duit à l’exploitation inten­si­fiée de l’écorce ter­restre pour en extraire le principe act­if, à savoir les métaux rares, avec des impacts envi­ron­nemen­taux encore plus impor­tants que ceux générés par l’extraction pétrolière.

Troisième con­stat, d’ordre mil­i­taire et géopoli­tique : la péren­nité des équipements les plus sophis­tiqués des armées occi­den­tales (robots, cyber­armes, avions de com­bat tel le chas­seur mil­i­taire améri­cain vedette, le F‑35) dépend égale­ment en par­tie du bon vouloir de la Chine.

En voulant nous émanciper des éner­gies fos­siles, en bas­cu­lant d’un ordre ancien vers un monde nou­veau, nous som­brons en réal­ité dans une nou­velle dépen­dance, plus forte encore. Robo­t­ique, intel­li­gence arti­fi­cielle, hôpi­tal numérique, cyber­sécu­rité, biotech­nolo­gies médi­cales, objets con­nec­tés, nanoélec­tron­ique, voitures sans chauf­feur… Tous les pans les plus stratégiques des économies du futur, toutes les tech­nolo­gies qui décu­pleront nos capac­ités de cal­cul et mod­erniseront notre façon de con­som­mer de l’énergie, le moin­dre de nos gestes quo­ti­di­en et même nos grands choix col­lec­tifs vont se révéler totale­ment trib­u­taires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élé­men­taire, tan­gi­ble, pal­pa­ble, du XXIe siè­cle. Or, cette addic­tion esquisse déjà les con­tours d’un futur qu’aucun ora­cle n’avait prédit. Nous pen­sions nous affranchir des pénuries, des ten­sions et des crises créées par notre appétit de pét­role et de char­bon ; nous sommes en train de leur sub­stituer un monde nou­veau de pénuries, de ten­sions et de crises inédites.

Ce n’est un secret pour per­son­ne : l’extraction et le raf­fi­nage des ter­res rares sont très pol­lu­ants. En effet, dans les min­erais, ces dernières sont naturelle­ment asso­ciées à des élé­ments radioac­t­ifs tels que le tho­ri­um et l’uranium.

Plutôt que d’assumer le lead­er­ship des métaux rares, l’Occident a préféré trans­fér­er leur pro­duc­tion – et la pol­lu­tion asso­ciée – vers des pays pau­vres prêts à sac­ri­fi­er leur envi­ron­nement pour s’enrichir. À l’encontre d’une idée reçue, les réserves de métaux rares ne sont pas con­cen­trées dans les pays miniers les plus act­ifs (Chine, Kaza­khstan, Indonésie, Afrique du Sud…) 1. Il en existe partout sur la planète, avec des zones où leur con­cen­tra­tion est plus élevée. Ils sont donc rares et pas rares à la fois… Des gise­ments du plus stratégique de ces métaux, les fameuses ter­res rares, sont d’ailleurs recen­sés dans des dizaines d’États. La même logique s’applique aux tech­nolo­gies vertes. Dans les deux dernières décen­nies du XXe siè­cle, les Chi­nois et les Occi­den­taux se sont tout bon­nement répar­ti les tâch­es de la future tran­si­tion énergé­tique et numérique : les pre­miers se sali­raient les mains pour pro­duire les com­posants des green tech, tan­dis que les sec­onds, en les leur achetant, pour­raient se tar­guer de bonnes pra­tiques écologiques. En d’autres mots, le monde s’est organ­isé comme l’entendait Lar­ry Sum­mers : entre ceux qui sont sales et ceux qui font sem­blant d’être propres.

Soutenir le change­ment de notre mod­èle énergé­tique exige déjà un dou­ble­ment de la pro­duc­tion de métaux rares tous les quinze ans env­i­ron, or les pénuries qui se dessi­nent pour­raient désil­lu­sion­ner Jere­my Rifkin, les indus­triels des green tech et le pape François – tout en don­nant rai­son à notre ermite.

Cette tran­si­tion énergé­tique vers les tech­nolo­gies vertes est-elle pos­si­ble ? Est-elle vrai­ment verte ? Nos politi­ciens sem­blent ignor­er les faits inc­on­cil­i­ables avec poli­tique du meilleur des mon­des grâces aux éner­gies vertes.

Tech­nolo­gies du numérique, économie de la con­nais­sance, fil­ière des éner­gies vertes, secteur de l’acheminement et du stock­age de l’électricité, et doré­na­vant indus­tries spa­tiales et de défense : nos besoins en métaux rares se diver­si­fient et s’accroissent de façon expo­nen­tielle. Cette nou­velle société de l’ère numérique, d’én­er­gies vertes, de tran­shu­man­isme est dépen­dante de l’ex­trac­tion des métaux rares.

Il existe cer­taines esti­ma­tions de nos besoins futurs. Lors d’un sym­po­sium organ­isé au Bour­get en 2015, en marge des négo­ci­a­tions de Paris sur le cli­mat, une poignée d’experts ont dévoilé plusieurs projections.

D’ici à 2040, ont-ils pronos­tiqué, nous devrons extraire trois fois plus de ter­res rares, cinq fois plus de tel­lure, douze fois plus de cobalt et seize fois plus de lithi­um qu’aujourd’hui. Olivi­er Vidal, chercheur au CNRS, a même réal­isé une étude por­tant sur tous les métaux néces­saires à moyenne échéance pour soutenir nos modes de vie high-tech. Ses travaux ont été pub­liés en 2015 et ont fait l’objet d’une men­tion sur la BBC. M. Vidal a égale­ment pronon­cé une trentaine de con­férences en Europe, devant un pub­lic com­posé majori­taire­ment d’étudiants. C’est tout.

Pour­tant, l’étude de M. Vidal devrait être le livre de chevet des chefs d’État du monde entier. En se fon­dant sur les per­spec­tives de crois­sance les plus com­muné­ment admis­es, le chercheur souligne tout d’abord les quan­tités con­sid­érables de métaux de base qu’il va fal­loir extraire du sous-sol pour tenir la cadence de la lutte con­tre le réchauf­fe­ment climatique.

Prenons le cas des éoli­ennes : la crois­sance de ce marché va exiger, d’ici à 2050, « 3 200 mil­lions de tonnes d’acier, 310 mil­lions de tonnes d’aluminium et 40 mil­lions de tonnes de cuiv­re», car les éoli­ennes engloutis­sent davan­tage de matières pre­mières que les tech­nolo­gies antérieures. « À capac­ité [de pro­duc­tion élec­trique] équiv­a­lente, les infra­struc­tures […] éoli­ennes néces­si­tent jusqu’à quinze fois davan­tage de béton, qua­tre-vingt-dix fois plus d’aluminium et cinquante fois plus de fer, de cuiv­re et de verre » que les instal­la­tions util­isant des com­bustibles tra­di­tion­nels, indique M. Vidal. Selon la Banque mon­di­ale, qui a con­duit sa pro­pre étude en 2017, cela vaut égale­ment pour le solaire et pour l’hydrogène, dont « la com­po­si­tion […] néces­site en fait sig­ni­fica­tive­ment plus de ressources que les sys­tèmes d’alimentation en énergie tra­di­tion­nels ».

La con­clu­sion d’ensemble est aber­rante : puisque la con­som­ma­tion mon­di­ale de métaux croît à un rythme de 3 à 5 % par an, « pour sat­is­faire les besoins mon­di­aux d’ici à 2050, nous devrons extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis son orig­ine ». Que le lecteur nous par­donne d’insister : nous allons con­som­mer davan­tage de min­erais durant la prochaine généra­tion qu’au cours des 70 000 dernières années, c’est-à-dire des cinq cents généra­tions qui nous ont précédés. Nos 7,5 mil­liards de con­tem­po­rains vont absorber plus de ressources minérales que les 108 mil­liards d’humains que la Terre a portés jusqu’à ce jour.

Et encore, M. Vidal admet que l’étude est incom­plète : pour appréci­er la réelle empreinte écologique de la tran­si­tion verte, il faudrait priv­ilégi­er une approche beau­coup plus holis­tique du cycle de vie des matières pre­mières, en mesurant égale­ment les immenses quan­tités d’eau con­som­mées par l’industrie minière, les rejets de gaz car­bonique causés par le trans­port, le stock­age et l’utilisation de l’énergie, l’impact, encore mal con­nu, du recy­clage des tech­nolo­gies vertes, toutes les autres formes de pol­lu­tion des écosys­tèmes générées par l’ensemble de ces activ­ités – sans par­ler des mul­ti­ples inci­dences sur la biodiversité.

Toutes les ressources du futur nous placeront face à de nou­veaux défis pro­téi­formes. Aus­si, il est temps de nous inter­roger dès à présent : quel est le sens de ce saut tech­nologique que nous embras­sons comme un seul homme ? N’est-il pas absurde de con­duire une muta­tion écologique qui pour­rait tous nous empoi­son­ner aux métaux lourds avant même que nous l’ayons menée à bien ? Peut-on sérieuse­ment prôn­er l’harmonie con­fucéenne par le bien-être matériel si c’est pour engen­dr­er de nou­veaux maux san­i­taires et un chaos écologique – soit son exact contraire ?

Finale­ment, à quoi bon les pro­grès s’ils ne font pas pro­gress­er l’homme ?

“THE WAR OF RARE METALS: THE HIDDEN SIDE OF THE ENERGY AND DIGITAL TRANSITION”

Guil­laume Pitron is a jour­nal­ist for Le Monde Diplo­ma­tique, Géo and Nation­al Geo­graph­ic (he is the win­ner of the 2017 Erik Izraelewicz Prize for eco­nom­ic research, cre­at­ed by Le Monde). The geopol­i­tics of raw mate­ri­als is a major focus of his work. He reg­u­lar­ly address­es the French Par­lia­ment and the Euro­pean Com­mis­sion on the sub­ject of rare metals.

For six years, Guil­laume Pitron con­duct­ed the sur­vey in a dozen coun­tries on these new rare mate­ri­als that are already dis­rupt­ing the world. To do so, we had to fre­quent the folds of the mines of trop­i­cal Asia, lis­ten to the mur­murs of MPs in the cor­ri­dors of the Palais-Bour­bon, fly over the deserts of Cal­i­for­nia in twin-engine air­craft, bow before the queen of a for­got­ten tribe in south­ern Africa, go to the “can­cer vil­lages” of Inner Mon­go­lia and dust off old scrolls left in ven­er­a­ble Lon­don institutions.

On four con­ti­nents, men and women act­ing in the trou­bled, dis­creet, rare met­als world have revealed to us an entire­ly dif­fer­ent sto­ry, much dark­er, of the ener­gy and dig­i­tal tran­si­tion. To hear them, the irrup­tion of these new mate­ri­als in the wake of fos­sil resources has not ren­dered to man and the plan­et the ser­vices that the emer­gence of a world sup­pos­ed­ly green­er, more fra­ter­nal, more far-sight­ed — far from it — heralded.

————-

On the one hand, ener­gy tran­si­tion advo­cates have promised us that we could draw infi­nite­ly on the inex­haustible sources of ener­gy that tides, winds and solar rays con­sti­tute to make our green tech­nolo­gies work. But, on the oth­er hand, rare met­al hunters warn us that we will soon run out of a con­sid­er­able num­ber of raw materials.

These so-called “green” tech­nolo­gies engage human­i­ty in a third ener­gy rev­o­lu­tion, an indus­tri­al rev­o­lu­tion that is trans­form­ing our world. Like the two pre­vi­ous ones, this one is based on an essen­tial resource. A mat­ter so vital that ener­gy experts, techno­prophets, heads of state and even mil­i­tary strate­gists already call it “the next oil”, the oil of the 21st century.

What resource is it?

The gen­er­al pub­lic does not have the first idea.

For a long time, men exploit­ed the main met­als known to all: iron, gold, sil­ver, cop­per, lead, alu­mini­um… But, as ear­ly as the 1970s, they began to take advan­tage of the fab­u­lous mag­net­ic and chem­i­cal prop­er­ties of a mul­ti­tude of small rare met­als con­tained in earth rocks in much small­er pro­por­tions. This big broth­er­hood unites cousins with enig­mat­ic names: rare earths, graphite, vana­di­um, ger­ma­ni­um, plati­noids, tung­sten, anti­mo­ny, beryl­li­um, flu­o­rine, rhe­ni­um, prome­thi­um… These rare met­als form a coher­ent sub­set of about thir­ty raw mate­ri­als whose com­mon point is to be often asso­ci­at­ed in nature with the most abun­dant metals.

Dis­till­ing an essen­tial oil of orange blos­som is a long and tedious process, but the fra­grance and ther­a­peu­tic pow­ers of a sin­gle drop of this elixir still amaze researchers. But it is the same with rare, very rare met­als… You have to puri­fy eight and a half tons of rock to pro­duce one kilo of vana­di­um, six­teen tons for one kilo of ceri­um, fifty tons for the equiv­a­lent in gal­li­um, and the stag­ger­ing fig­ure of one thou­sand two hun­dred tons for an unfor­tu­nate kilo of an even rar­er met­al, lute­ci­um. Like demi­urges, we have mul­ti­plied their uses in two areas that are essen­tial pil­lars of the ener­gy tran­si­tion: tech­nolo­gies that we have called “green” and digital.

Because, we are told today, it is from the con­ver­gence of green tech­nol­o­gy and com­put­ing that a bet­ter world will emerge…

The for­mer (wind tur­bines, solar pan­els, elec­tric vehi­cles), thanks to the rare met­als with which they are loaded, pro­duce car­bon-free ener­gy that will pass through so-called “ultra-effi­cient” elec­tric­i­ty net­works that allow ener­gy sav­ings. How­ev­er, these are dri­ven by dig­i­tal tech­nolo­gies, also stuffed with such met­als (see Annex 11 on the main indus­tri­al uses of rare metals).

  • First, the West has put the fate of its green and dig­i­tal tech­nolo­gies — in a word, the cream of its indus­tries of the future — into the hands of a sin­gle nation, Chi­na. By lim­it­ing the export of these resources, the Mid­dle King­dom is instead fuelling the growth of its own tech­nolo­gies and hard­en­ing the con­fronta­tion with the rest of the world. This has seri­ous eco­nom­ic and social con­se­quences in Paris, New York and Tokyo.
  • The sec­ond obser­va­tion, of an eco­log­i­cal nature: our quest for a more eco­log­i­cal growth mod­el has rather led to the inten­si­fied exploita­tion of the earth­’s crust to extract its active ingre­di­ent, name­ly rare met­als, with even greater envi­ron­men­tal impacts than those gen­er­at­ed by oil extraction.
  • Third obser­va­tion, of a mil­i­tary and geopo­lit­i­cal nature: the dura­bil­i­ty of the most sophis­ti­cat­ed equip­ment of West­ern armies (robots, cyber weapons, com­bat air­craft such as the Amer­i­can star mil­i­tary fight­er, the F‑35) also depends in part on Chi­na’s goodwill.

By want­i­ng to free our­selves from fos­sil fuels, by switch­ing from an old order to a new world, we are in real­i­ty sink­ing into a new, stronger depen­dence. Robot­ics, arti­fi­cial intel­li­gence, dig­i­tal hos­pi­tals, cyber­se­cu­ri­ty, med­ical biotech­nolo­gies, con­nect­ed objects, nano­elec­tron­ics, dri­ver­less cars… All the most strate­gic parts of the economies of the future, all the tech­nolo­gies that will increase our com­put­ing capac­i­ties and mod­ern­ize our way of con­sum­ing ener­gy, the least of our dai­ly ges­tures and even our great col­lec­tive choic­es will prove to be total­ly depen­dent on rare met­als. These resources will become the ele­men­tary, tan­gi­ble, pal­pa­ble foun­da­tion of the 21st cen­tu­ry. How­ev­er, this addic­tion already sketch­es the out­lines of a future that no ora­cle had pre­dict­ed. We thought we were free­ing our­selves from the short­ages, ten­sions and crises cre­at­ed by our appetite for oil and coal; we are replac­ing them with a new world of short­ages, ten­sions and unprece­dent­ed crises.

It is no secret that the extrac­tion and refin­ing of rare earths are high­ly pol­lut­ing. Indeed, in ores, the lat­ter are nat­u­ral­ly asso­ci­at­ed with radioac­tive ele­ments such as tho­ri­um and uranium.

Rather than assum­ing the lead­er­ship of rare met­als, the West has pre­ferred to trans­fer their pro­duc­tion — and the asso­ci­at­ed pol­lu­tion — to poor coun­tries will­ing to sac­ri­fice their envi­ron­ment to enrich them­selves. Con­trary to pop­u­lar belief, rare met­al reserves are not con­cen­trat­ed in the most active min­ing coun­tries (Chi­na, Kaza­khstan, Indone­sia, South Africa, etc.) 1. They exist every­where on the plan­et, with areas where their con­cen­tra­tion is high­er. They are there­fore rare and not rare at the same time… Deposits of the most strate­gic of these met­als, the famous rare earths, are list­ed in dozens of states. The same log­ic applies to green tech­nolo­gies. In the last two decades of the 20th cen­tu­ry, the Chi­nese and the West sim­ply divid­ed the tasks of the future ener­gy and dig­i­tal tran­si­tion: the for­mer would dirty their hands to pro­duce green tech com­po­nents, while the lat­ter, by buy­ing them, could boast good eco­log­i­cal prac­tices. In oth­er words, the world has orga­nized itself as Lar­ry Sum­mers intend­ed: between those who are dirty and those who pre­tend to be clean.
Sup­port­ing the change in our ener­gy mod­el already requires a dou­bling of the pro­duc­tion of rare met­als every fif­teen years or so, but the short­ages that are tak­ing shape could dis­il­lu­sion Jere­my Rifkin, the green tech indus­tri­al­ists and Pope François — all the while prov­ing our her­mit right.

Is this ener­gy tran­si­tion to green tech­nolo­gies pos­si­ble? Is it real­ly green? Our politi­cians seem to ignore the irrec­on­cil­able facts with the pol­i­tics of the best of worlds thanks to green energies.

Dig­i­tal tech­nolo­gies, the knowl­edge econ­o­my, the green ener­gy sec­tor, the elec­tric­i­ty trans­mis­sion and stor­age sec­tor, and now the space and defence indus­tries: our needs for rare met­als are diver­si­fy­ing and grow­ing expo­nen­tial­ly. This new soci­ety of the dig­i­tal age, of green ener­gies, of tran­shu­man­ism is depen­dent on the extrac­tion of rare metals.

There are some esti­mates of our future needs. Dur­ing a sym­po­sium orga­nized at Le Bour­get in 2015, on the mar­gins of the Paris cli­mate nego­ti­a­tions, a hand­ful of experts revealed sev­er­al projections

By 2040, they pre­dict­ed, we will have to extract three times more rare earths, five times more tel­luri­um, twelve times more cobalt and six­teen times more lithi­um than today. Olivi­er Vidal, a CNRS researcher, has even car­ried out a study on all the met­als need­ed in the medi­um term to sup­port our high-tech lifestyles. His work was pub­lished in 2015 and was men­tioned on the BBC. Mr. Vidal has also giv­en about thir­ty lec­tures in Europe, before an audi­ence com­posed main­ly of stu­dents. That’s all.

Yet Mr. Vidal’s study should be the bed­side book for heads of state around the world. Based on the most com­mon­ly accept­ed growth prospects, the researcher first under­lines the con­sid­er­able quan­ti­ties of base met­als that will have to be extract­ed from the sub­soil to keep pace with the fight against glob­al warming.

Take the case of wind tur­bines: the growth of this mar­ket will require, by 2050, “3 200 mil­lion tons of steel, 310 mil­lion tons of alu­minum and 40 mil­lion tons of cop­per”, because wind tur­bines absorb more raw mate­ri­als than pre­vi­ous tech­nolo­gies. At equivalent[electricity gen­er­a­tion] capac­i­ty, wind infra­struc­ture requires up to 15 times more con­crete, 90 times more alu­minum and 50 times more iron, cop­per and glass than con­ven­tion­al fuel facil­i­ties,” says Vidal. Accord­ing to the World Bank, which con­duct­ed its own study in 2017, this also applies to solar and hydro­gen, whose “com­po­si­tion… actu­al­ly requires sig­nif­i­cant­ly more resources than tra­di­tion­al ener­gy sup­ply systems”.

The over­all con­clu­sion is aber­rant: since glob­al met­al con­sump­tion is grow­ing at a rate of 3 to 5% per year, “to meet glob­al needs by 2050, we will have to extract more met­als from the sub­soil than human­i­ty has extract­ed since its ori­gin”. Let the read­er for­give us for insist­ing: we will con­sume more min­er­als in the next gen­er­a­tion than in the last 70,000 years, that is, in the five hun­dred gen­er­a­tions before us. Our 7.5 bil­lion con­tem­po­raries will absorb more min­er­al resources than the 108 bil­lion humans that the Earth has car­ried to date.

And again, Mr. Vidal admits that the study is incom­plete: to assess the real eco­log­i­cal foot­print of the green tran­si­tion, a much more holis­tic approach to the life cycle of raw mate­ri­als should be favoured, also mea­sur­ing the immense quan­ti­ties of water con­sumed by the min­ing indus­try, the car­bon diox­ide emis­sions caused by the trans­port, stor­age and use of ener­gy, the still poor­ly known impact of recy­cling green tech­nolo­gies, all the oth­er forms of pol­lu­tion of ecosys­tems gen­er­at­ed by all these activ­i­ties — not to men­tion the mul­ti­ple impacts on biodiversity.

All the resources of the future will present us with new pro­tean chal­lenges. So, it is time to ask our­selves now: what is the mean­ing of this tech­no­log­i­cal leap that we are embrac­ing as one man? Isn’t it absurd to car­ry out an eco­log­i­cal change that could poi­son us all with heavy met­als even before we have com­plet­ed it? Can we seri­ous­ly advo­cate Con­fu­cian har­mo­ny through mate­r­i­al well-being if it is to gen­er­ate new san­i­tary evils and eco­log­i­cal chaos — the exact opposite?

Final­ly, what good is progress if it does not advance man?